L’indicateur de bonheur local brut dans des moments économiques difficiles

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Après le premier et le deuxième confinement, un troisième serait un saut dans l’inconnu économique, pouvant provoquer des changements colossaux. Cependant, l’adaptation permet de mieux vivre ou survivre face à ces événements.

Le rapport Stiglitz (2008) a appelé à prendre en compte le bien-vivre en l’instituant comme nouvel indicateur national mais peu de progrès ont été faits depuis. La région Pays de la Loire a cependant pris de l’avance, formant plus de vingt indicateurs de richesse alternatifs en 2009 pour mieux réfléchir à son attractivité, et offrant un modèle à d’autres territoires.

Le World Happiness Report de l’ONU classe chaque année les 156 pays du monde en fonction de leur niveau de bonheur, et la France se situe en 2019 à la 24ème place.

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L’essor du sans-contact

Priorité numéro un : développer le numérique. Dans les restaurants, les « menus digitalisés » se développent, pour limiter les contacts tactiles et pallier le manque de personnels. En scannant avec un smartphone un QR code présent sur une table, le client peut ainsi accéder à la carte, voire parfois commander et payer son plat directement en ligne à la fin du repas. Dans les hôtels aussi, la technologie « sans contact » se développe. Ici et là, on voit ainsi fleurir des solutions de check-in à distance ou sur des bornes automatiques, sur le modèle des hôtels Citizen M. Dans les Nomad Hotels, des tablettes tactiles permettent aux voyageurs de piloter eux-mêmes à distance l’éclairage, les volets roulants, le chauffage, ou de lancer le vidéoprojecteur pour regarder une série ou un film.

Ces mutations s’accompagnent de nouveaux besoins de compétences. « Les savoir-faire numériques ne sont plus l’apanage des community managers chargés d’enrichir et de mettre à jour les sites Internet des établissements, souligne Jean-Luc Michaud, fondateur de l’Institut français du tourisme. Ils doivent aujourd’hui s’intégrer à tous les métiers. Dans un hôtel, le concierge au comptoir doit être suffisamment à l’aise avec Internet et les réseaux sociaux pour savoir rechercher toutes les informations dont les clients ont besoin : les horaires d’ouverture des musées, les activités touristiques alentour… »

Les tour-opérateurs affichent les mêmes exigences. « Aujourd’hui, nous prenons contact avec la majorité de nos clients non plus par téléphone mais par visioconférence pour améliorer leur expérience », explique Alain Capestan, directeur général de Voyageurs du monde, spécialiste du voyage sur mesure individuel et du voyage d’aventure. Depuis quelques années, Comptoir des voyages, l’une des enseignes du groupe, a aussi développé une application off line qui permet aux touristes d’être guidés, assistés et renseignés pendant tout leur séjour. « Cela implique que les gens que nous recrutons maîtrisent tous ces outils », précise-t-il.

La crise sanitaire a également permis un regain d’intérêt pour le tourisme local et responsable

Les établissements de formation se mettent donc en ordre de bataille. A l’Atlas Institute, créé en 2008 à Lyon, Bordeaux et Paris, le digital fait l’objet d’un module obligatoire de 200 heures, avec notamment une partie webdesign et e-reputation. Pour son directeur général, Pierre Grégé, « l’idée est de former des jeunes qui puissent accompagner les entreprises dans leur transformation digitale ». De son côté, Excelia (école de tourisme à La Rochelle) propose désormais une spécialisation en numérique de 80 à 100 heures en dernière année. Pascal Capellari, directeur des écoles spécialisées d’Excelia, souhaite aussi mettre le paquet sur le « design d’expérience clients » en proposant à ses étudiants des cours de théâtre, d’expression orale, de communication de crise… Les attentes des recruteurs dans ce domaine sont particulièrement fortes. « Construire un voyage sur mesure, c’est comprendre qui est l’autre, ce qu’il aime, comment il envisage le voyage », explique Alain Capestan.

Des savoir-faire d’autant plus primordiaux que les touristes se montrent de plus en plus exigeants. « Comme les voyageurs ne savent pas de quoi demain sera fait, ils se décident en dernière minute et attendent des conditions d’annulation plus souples qu’auparavant », constate Bertrand Réau, professeur à la chaire Tourisme voyage et loisirs du CNAM. Selon la dernière enquête Travel Predictions publiée par Booking.com en octobre 2021, près des trois quarts des Français (72 %) sont également à la recherche d’expériences « authentiques » et insérées de la culture de leur destination.

Le Boom des mobilités douces

La crise sanitaire a également permis un regain d’intérêt pour le tourisme local et responsable. Selon une étude IFOP pour les Rencontres du tourisme durable, en avril 2021, 61 % des Français déclarent que la préservation de la nature et de l’environnement, constitue des préoccupations plus fortes qu’avant le début de la crise sanitaire. Plates-formes de mise en relation avec des locaux, sites de réservations d’hébergements ou d’activités écoresponsables, ou encore boom des réservations de mobilité douce type vélo, de nombreuses start-up se sont désormais emparées du sujet pour répondre ou même anticiper les attentes des voyageurs.

Les écoles ont senti le vent venir. Excelia dispose aujourd’hui d’une équipe de dix-huit enseignants-chercheurs spécialisés sur le thème de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). « Dans tous nos descriptifs de cours, le développement durable fait partie des objectifs d’apprentissage », insiste Pascal Capellari. L’Ecole supérieure de tourisme de Troyes multiplie elle aussi les projets autour du tourisme durable. Le 29 janvier, elle a notamment organisé un challenge interécoles qui invitait les étudiants à concevoir un séjour avec le moins d’impact environnemental possible. Elle a également monté, avec l’association départementale du tourisme, le Slow Tourism Lab qui accompagne les professionnels dans leurs projets d’innovation en faveur d’un tourisme plus responsable.

De son côté, Atlas Institute s’affiche carrément comme « l’école du tourisme durable et d’aventures ». Au risque d’être prise dans ses contradictions. « L’école a installé une machine qui distribue de la nourriture locale, mais tout est emballé dans du plastique…, commente Elisa Ribeyron, 21 ans, étudiante en master. L’an dernier, l’école avait prévu de nous envoyer faire un tour de France en bus. Avec d’autres étudiants, nous avons relevé l’impact carbone de ce voyage. On a réussi à les convaincre d’échanger ce projet contre un tour de l’Auvergne-Rhône-Alpes, en voiture électrique. »

Cet article est paru dans Le Monde (site web)

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